John William, Ernest Armand Huss de son vrai nom, est né en Côte d’Ivoire (qui fait alors partie de l’AOF) d’une mère ébriée et d’un père d’origine alsacienne. Élevé en France, il apprend le métier d’ajusteur-outilleur. En 1943, il s’installe à Montluçon où il travaille à Dunlop. Suite au bombardement de l’usine en septembre 1943, il est embauché à la SAGEM qui abrite une autre entreprise venue de la région parisienne, la SAT (Société anonyme de télécommunications). Ernest Armand est affecté à la fabrication des détecteurs de sons destinés à l’aviation allemande.
Le 29 février 1944, plusieurs détecteurs sont sabotés par la Résistance. La gestapo et la milice demandent au chef du personnel de désigner douze otages. Celui-ci les choisit par ordre alphabétique et en ajoute un treizième : Ernest Armand. Le 10 mars 1944, les otages partent pour la prison de la Mal-Coiffée de Moulins. Dix d’entre eux sont transférés à Compiègne, puis déportés en Allemagne. Pour Ernest, c’est Neuengamme (près de Hambourg) où il reçoit le matricule 31103. Il est affecté à Metalwerk, annexe de la firme Walther, au camp central.
Nous ne savions jamais combien de temps nous allions rester debout dans le froid sibérien qui nous martyrisait. Combien sont tombés morts de froid au cours de ces interminables séances. Puis nous partions pour le travail à l’usine jusqu’à midi, l’heure du repas, composé d’une infâme soupe chaude faite d’épluchures et de détritus … A treize heures, nous retournions à l’usine jusqu’à dix-neuf ou vingt heures. Nous étions ainsi des esclaves, des millions d’esclaves.
Ses compétences professionnelles et sa pratique de l’allemand vont lui permettre de survivre en dépit de son appartenance à une prétendue race inférieure. Il est évacué en avril 1945 à Lübeck où il est pris en charge en mai par les Suédois. Il rentre à Paris le 14 juillet 1945.
Après son retour en France, il devient un chanteur connu sous le nom de John William. En 1990 il fait paraître son autobiographie : Si toi aussi tu m’abandonnes, titre d’une de ses chansons. L’AFMD de l’Allier est une autre source de renseignements (voir Ernest Huss). Le témoignage de Jacques Guérard, ouvrier à la Sagem en 1944, nous a été également précieux lors de notre exposition de 2014.
Les 9 camarades montluçonnais d’Ernest Armand HUSS déportés : André AURAT, Roger BERGERAT, Edmond BONILLE, Robert BOURGEON, Pierre BOUVET, René BROUSSE, Camille CHAUBRON, André DUMET, Paul LABEAUNE.