Raymond Courteau (1919-2016)
Depuis juin 1944, l’hôtel de l’Écu de Montluçon, rue Paul Constans, près du pont Saint-Pierre, est occupé par le Comité d’action pour la justice sociale, un groupe collaborationniste lié à la milice de Vichy et dirigé par un certain Lamy. La bande à Lamy commet de nombreuses exactions sur la population du bassin montluçonnais. Le 15 juillet, elle arrête quarante-deux personnes à Huriel. Une action coup de poing est alors décidée par l’état-major des FFI, dirigé par Ernest Frank. L’opération réunit, sous la direction de Raymond Courteau, des maquis AS-MUR et FTP, qui reçoivent pour l’occasion un supplément d’armement.
Le 27 juillet, dix ou onze voitures, des tractions Citroën pour la plupart, entrent dans Montluçon. Elles sont numérotées afin de faire croire à un convoi plus important. Les maquisards sont divisés en groupes de 4 ou 5 personnes. Ils ont des missions différentes : certains doivent empêcher l’arrivée des Allemands, d’autres assurer la retraite, d’autres encore attaquer les miliciens. L’attaque a lieu vers 13 heures, des grenades sont jetées à travers la vitre du restaurant de l’hôtel. Les maquisards essuient alors des tirs venus des étages. Ils ripostent par des rafales de fusils-mitrailleurs et lancent des grenades antichars de fabrication anglaise. Au bout d’une quinzaine de minutes, le son du clairon annonce leur repli.
Deux ou trois collaborationnistes ont été tués, dont Lamy ; sept sont blessés. Du côté des maquis, on ne compte qu’un seul blessé léger. Quand les Allemands arrivent, ils tuent un jeune résistant qui se trouve malencontreusement sur les lieux, et emprisonnent cinq personnes. Si les maquisards n’ont pu libérer les prisonniers, évacués la veille, ils ont montré leur coordination et leur détermination. La population ne s’y est pas trompée, les maquisards ont été applaudis par la foule lors de leur repli.
Sources : Avant l’oubli …. Résistance de Roger Sandrier, 2004 et 2014 ; L’attaque de l’Hôtel de l’Écu d’Alain Bisson, 2005 ; Et les Bourbonnais se levèrent d’André Sérézat, 1985.